Sur l’ensemble du continent européen, plus de 80 % des habitats naturels sont dans un mauvais état de conservation. Avec sa stratégie de protection de la biodiversité, la Commission européenne veut restaurer les écosystèmes et protéger 30 % de la superficie marine et terrestre de l’UE à horizon 2030.
Selon l’Agence européenne de l’environnement, les habitats pour les pollinisateurs ont tendance à être moins bien conservés que les autres en Europe – Crédits : Ntrirata / SlavkoSereda / Volha Halkouskaya (iStock) et Xavier Lejeune (Commission européenne)
L’Europe continue de perdre sa biodiversité. Sur le Vieux Continent comme ailleurs, de nombreux écosystèmes sont menacés par l’agriculture intensive, l’étalement urbain, la pollution et des espèces envahissantes. Les émissions sans précédent de gaz à effet de serre dans le monde provoquent aussi le réchauffement du climat, et par là même une diminution de la biodiversité, par exemple à cause des sécheresses et d’un déficit de pluies.

Selon un rapport publié par le WWF en octobre 2024, les populations des animaux sauvages ont décliné de 73 % en moyenne entre 1970 et 2020. L’association suit depuis 1998 l’indice planète vivante (IPV) qui mesure l’abondance de 35 000 populations de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens dans le monde.
Et c’est sans compter la plupart des espèces pollinisatrices, parmi lesquelles on retrouve les abeilles, bourdons ou papillons. En Europe, 9 % des espèces d’abeilles et de papillons sont menacées. Et ce alors que « la production, le rendement et la qualité de trois quarts des principales sortes de culture vivrières mondiales […] bénéficient de la pollinisation animale« , estimait en 2016 un rapport de l’IPBES, un consortium international de chercheurs.

Ce même groupe a publié en mai 2019 un autre rapport, qui étaye une nouvelle fois le déclin de la biodiversité. En se fondant sur environ 15 000 références scientifiques, il en présente des “preuves accablantes” et un “panorama inquiétant”, selon les termes de Robert Watson, son président. Environ un million d’espèces sont menacées d’extinction dans les prochaines décennies – y compris en Europe – “provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier”, indique le document.
Cet effondrement de la biodiversité est notamment lié à une restriction des zones dans lesquelles vivent ces espèces du fait de la dégradation des terres (75 % de la surface terrestre ont été sévèrement affectés par les activités humaines et plus de 85 % des zones humides ont disparu), de la déforestation ou de l’expansion urbaine.

L’intensification de l’agriculture et de la pêche a aussi pesé sur la qualité des habitats et le fonctionnement des écosystèmes. 81 % des habitats protégés sont aujourd’hui dans un état de conservation « médiocre ou mauvais », selon le dernier rapport de l’Agence européenne de l’environnement en date du 29 septembre 2025. Celui-ci ajoute que 60 à 70 % des sols sont dégradés et que 62 % des masses d’eau ne sont pas dans un bon état écologique.
Enfin, les espèces exotiques envahissantes peuvent provoquer un déclin des espèces indigènes. Importée des États-Unis, l’écrevisse de Louisiane a par exemple colonisé une large partie du sud-ouest de la France, menaçant ses cousines déjà installées en Europe.
La stratégie de l’Union européenne en matière de biodiversité à l’horizon 2030
L’Union européenne dispose d’une politique en matière de biodiversité. Régulièrement renouvelée, sa dernière version de 2020 a porté un objectif ambitieux à horizon 2030 : protéger 30 % de la superficie marine et terrestre de l’UE. Elle est intégrée au Pacte vert, chantier prioritaire du premier mandat de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (2019-2024).
Cette stratégie repose sur un premier pilier : la protection des milieux naturels. D’ici à 2030, 30 % des terres et des mers européennes devront en bénéficier, en accordant une attention particulière aux forêts. L’UE s’appuie ici sur son réseau Natura 2000 (voir plus bas).
Le deuxième pilier consiste à restaurer la biodiversité. Il s’agit de privilégier l’agriculture biologique et la biodiversité dans les paysages agricoles, d’enrayer le déclin des pollinisateurs, de rétablir le courant libre sur 25 000 kilomètres de cours d’eau, de planter 3 milliards d’arbres ou encore de réduire l’usage des pesticides et leur degré de nocivité. Entré en vigueur en août 2024, un règlement sur la restauration de la nature a inscrit différents objectifs dans le marbre de la législation européenne. Le texte impose aux États de rétablir au moins 20 % des écosystèmes dégradés d’ici à 2030, en vue d’une restauration de 90 % de ces habitats en 2050. Avec cette « loi européenne sur la restauration de la nature », les États devront établir des plans nationaux en la matière d’ici mi-2026.
Pour lire la suite de l’article sur la stratégie de l’Union Européenne en matière de biodiversité, cliquez ICI