Le rapport du GIEC rappelle une nouvelle fois, l’urgence réelle de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre pleinement en œuvre l’accord de Paris qui est notre boussole à tous, États, collectivités, société civile, entreprises, ONG pour limiter le réchauffement climatique et ses conséquences

Les conclusions du groupe d’experts intergouvernemental (Giec) qui vient de dévoiler les éléments scientifiques de son 6ème rapport d’évaluation sont inquiétantes.

C’est un cri d’alarme pour une prise de conscience collective planétaire.

Selon la paléoclimatologue française Valérie Masson-Delmotte « Les activités humaines sont à l’origine du changement climatique, c’est indiscutable, et l’influence humaine rend plus fréquents et plus graves de nombreux événements climatologiques extrêmes, plus particulièrement les vagues de chaleur, les événements de pluie torrentielle et dans de nombreuses régions, les sécheresses », a-t-elle expliqué.

Alors que l’objectif du rapport spécial de 2018 était de limiter le réchauffement à + 1,5 °C, le scénario le plus optimiste de réduction très rapide et massive des émissions de gaz à effet de serre, peu vraisemblable au regard de l’implication des plus grands pollueurs, prévoit désormais un pic à + 1,6 °C avant un retour à +1,4° vers la fin du XXIe siècle. Il est toutefois plus probable que le seuil symbolique des +1,5° sera dépassé vers 2030, une décennie plus tôt qu’envisagé en 2018.

La montée des eaux « irréversible »

Les quatre autres scénarios explorent la montée des températures a ec respectivement des émissions limitées à court ou à moyen terme, et des émissions élevées ou très élevées. Les projections s’étalent de + 2,1 °C à + 5,7 °C à l’horizon 2081-2100, avec des conséquences catastrophiques qui augmentent en fréquence et en intensité pour chaque dixième de degré franchi. Toutefois, « si nous agissons tout de suite, nous pourrons en voir les bénéfices sous dix à vingt ans », a assuré Valérie Masson-Delmotte.

La montée des eaux sera « irréversible » pour des milliers d’années, engloutissant des régions entières et des îles. Le niveau montera de 28 centimètres à 2 mètres d’ici 2100, selon l’intensité du réchauffement, avec des scénarios intermédiaires oscillant entre 44 et 76 cm. Pire, dans les deux mille ans à venir, l’eau continuera à monter, entre 2 et 6 mètres, avec une possibilité de réaction en chaîne menant à une montée de 19 à 22 mètres. Dès les décennies à venir, les océans et les forêts, qui aspirent énormément de CO2, vont perdre une partie de leur capacité à le faire.

Toutes les régions du monde sont concernées

Au cours des prochaines décennies, les changements climatiques s’accentueront partout sur la planète. Nouveauté 2021, la publication du Giec s’accompagne d’un atlas interactif pour visualiser tous les dérèglements en cours et à venir. Il apparaît par exemple que le pourtour méditerranéen est particulièrement affecté. Les conditions sèches, chaudes et venteuses qui favorisent et renforcent les feux de forêt vont s’accentuer à mesure de l’ampleur du réchauffement.

En donnant aux citoyens les moyens de s’informer sur leurs régions, les chercheurs espèrent impliquer les décideurs locaux en plus des gouvernements.

Des données plus fiables

Les chercheurs se sont appuyés sur des données scientifiques plus nombreuses et de meilleure qualité que lors de la rédaction du cinquième rapport. Par exemple, l’historique des relevés des températures mondiales est issu du Met Office britannique qui a déployé une nouvelle version de son système, HadCRUT5, laquelle prend mieux en compte les biais ou erreurs possibles dans les chiffres enregistrés depuis 1850 par des stations météo terrestres, par des navires ou par des bouées.

Les données ont aussi été largement mises à jour pour combler des lacunes dans la région arctique, celle qui se réchauffe le plus vite, avec pour résultat une augmentation de 0,1 degré des estimations globales de températures.

Le CO2 n’est pas le seul ennemi

la  nécessité de réduire les émissions de l’ensemble des gaz à effet de serre, et pas seulement du CO2 est aussi abordée dans le rapport. Selon l’agence américaine de protection de l’environnement, les concentrations de méthane et de protoxyde d’azote sont aujourd’hui à leur niveau record depuis 800 000 ans. Même s’il ne reste dans l’atmosphère qu’une douzaine d’années, le potentiel de réchauffement du méthane est près de 90 fois supérieur à celui du CO2. Et la fonte des glaces en Arctique s’apprête à en libérer des milliards de tonnes dans les prochaines décennies, dont une partie pourrait toutefois rejoindre l’océan et y être consommée par des bactéries.

Ce sixième rapport consacre pour la première fois un chapitre entier aux « forceurs climatiques à courte durée de vie », c’est-à-dire les aérosols, les particules et autres gaz réactifs (dont l’ozone) qui disparaissent de l’atmosphère après quelques heures ou quelques mois, et qui sont eux aussi un levier pour limiter le réchauffement climatique.

Chacun des trois volets a été rédigé par 234 à 270 auteurs, avec des références à des dizaines de milliers d’articles scientifiques, et des dizaines de milliers de commentaires permettant aux auteurs de peaufiner la rédaction du texte.

 Le Giec est un organe dépendant de l’ONU, en charge de la climatologie.

Source : Magazine le

 Point et rapport Giec

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