La gestion de l’eau aujourd’hui, un défi pour demain ?

L’eau est une ressource indispensable pour notre santé, nos écosystèmes et notre économie. C’est aussi une ressource en tension, menacée par le changement climatique et nos activités humaines. 

Alors l’eau risque-t-elle de se faire de plus en plus rare dans les prochaines décennies ?

Selon l’Organisation des Nations Unies, la hausse des températures perturbe les régimes de précipitations et l’ensemble du cycle de l’eau, ce qui conduit à une exacerbation à la fois de la rareté de l’eau mais aussi des risques liés à l’eau, tels que les inondations et les sécheresses : depuis 2000, les catastrophes liées aux inondations ont augmenté de 134 % par rapport aux deux décennies précédentes, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le risque d’inondation est d’ailleurs le premier risque naturel en France par le nombre de personnes exposées (18,5 millions).

La gestion et la préservation de l’eau est une priorité pour nos ministères et de nombreuses solutions sont mises en place. Entre crues et sécheresses comment relève-t-on les défis de l’eau dans un climat qui change ? Comment mieux gérer et utiliser cette ressource dans nos territoires ?

Comment utilise-t-on l’eau en France ?

Près de 30 milliards de mètres cubes d’eau sont prélevés, chaque année, en France et sont utilisés pour :

46% Refroidissement des centrales électriques

18% Production d’eau potable

17% Alimentation des canaux

12% Usages agricoles

7% Usages industriels

Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint scientifique de la climatologie à Météo-France

Pourquoi les risques naturels liés à l’eau se multiplient-ils ?

Les activités socio-économiques sont fortement sensibles aux risques naturels liés au manque d’eau (sécheresse) ou à leur excès (inondation). Leur développement récent, souvent dans des zones exposées, renforce la vulnérabilité face à ces phénomènes.
Le changement climatique modifie et intensifie le cycle de l’eau : l’élévation des températures accentue l’évaporation, aggravant les sécheresses, tandis qu’une atmosphère plus chaude favorise des pluies extrêmes plus intenses.
Cette évolution est déjà observable sur notre territoire où la fréquence des sécheresses de sol a augmenté de près de 50 % depuis les années 1990 . Parallèlement, les pluies quotidiennes maximales sont en hausse de près de 10 % sur de nombreuses régions (Méditerranée, Bretagne, Centre et Nord-Est du pays).

Quels sont les impacts de la sécheresse sur notre société ?

Il existe plusieurs types de sécheresse conduisant à des impacts différents. Un déficit de précipitations peut se prolonger sous forme de sécheresse du sol ou de sécheresse hydrologique. La sécheresse du sol affecte l’agriculture, l’élevage et la forêt mais également le bâti résidentiel sur terrain argileux. La sécheresse hydrologique, en réduisant les débits des cours d’eau ou le niveau des nappes, perturbe l’alimentation en eau potable, la production d’énergie ainsi que les activités industrielles. Les milieux naturels sont également fragilisés, ce qui limite leur capacité à assurer pleinement leurs fonctions dans l’équilibre des écosystèmes.

Va-t-on réellement manquer d’eau dans quelques décennies ?

Dans les prochaines décennies, les épisodes de sécheresse du sol seront plus fréquents, plus intenses et pourront devenir plus longs, s’étalant sur plus d’une année. Une sécheresse telle qu’observée lors de l’été 2022 pourra devenir la norme d’ici à la fin du siècle. Il est donc nécessaire d’adapter nos activités à une ressource en eau en baisse et connaissant une plus grande variabilité temporelle. La réussite de ces actions réduira le risque de manquer d’eau dans les prochaines décennies.

Quelles sont les solutions pour préserver nos ressources en eau ?

De manière générale, les solutions pour préserver la ressource en eau comprennent à la fois des actions visant à renforcer la sobriété des usages, à optimiser la disponibilité de la ressource et à restaurer l’état des milieux naturels.
Grâce à son expertise météorologique et climatique, Météo-France accompagne les acteurs publics ou privés au niveau national et local pour anticiper les conséquences de la sécheresse sur l’ensemble du territoire. L’établissement fournit ainsi des diagnostics de situation et des prévisions (températures, précipitations, humidité des sols…) pour les Comités d’Anticipation et de Suivi Hydrologique (CASH), les Comités Sécheresse du ministère de l’Agriculture et les Comités Départementaux de Ressource en Eau.
De nombreuses données sur l’évolution des pluies, sur la sécheresse et sur leurs impacts aux horizons d’adaptation 2030, 2050 et 2100 sont disponibles à l’échelle de la commune et accessible en ligne sur Climadiag Commune.

Sur le littoral, chaque goutte compte !

Le Cerema et le ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature ont lancé un programme national pour accélérer la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) dans les territoires côtiers. L’idée ? Redonner une seconde vie à l’eau avant qu’elle ne soit rejetée dans la mer, en l’utilisant pour arroser les espaces verts, nettoyer la voirie ou alimenter des usages industriels.

Jusqu’à 80 % du coût des études peut être financé pour les collectivités qui se lancent.
Le programme accompagne les communes littorales de métropole et d’Outre-Mer à chaque étape : diagnostic territorial, faisabilité technique, montage de projet, partage d’expériences.

🌊 Objectif national : multiplier par 10 la réutilisation de l’eau d’ici 2030, dans le cadre du Plan Eau qui regroupe un ensemble d’actions pour une gestion sobre, résiliente et concertée de la ressource en eau.
C’est donc une réponse concrète aux défis du changement climatique : sécheresses à répétition, pression touristique, intrusion d’eau salée dans les nappes…

👉 Découvrez le programme REUT

Quelles sont les bonnes pratiques pour réduire l’impact des équipements électriques et électroniques ?

Les équipements électriques et électronique(EEE) sont tous les produits qui ont besoin d’un courant électrique ou de champs électromagnétiques pour fonctionner. Par exemple : smartphone, e-cigarettes, petits et gros électroménagers, climatiseurs, enceintes, vélos électriques, panneaux photovoltaïques… En fin de vie, ces équipements doivent être triés et collectés par des filières spécifiques.

34 : c’est le nombre d’équipements électriques et électroniques que les Français pensent posséder en moyenne par foyer. Mais en réalité, ils en possèdent près de 100.

Avant l’achat, il faut se poser les bonnes questions. Privilégier l’occasion ou le neuf durable et de qualité, la location ou l’emprunt lorsque c’est possible. Pour faire le bon choix, aidez-vous des indices de réparabilité et durabilité

Au quotidien, entretenir et réparer ses équipements, par exemple grâce au bonus réparation.

Lorsque l’équipement est usagé, vous pouvez vous tourner vers les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour qu’il soit reconditionné et réemployé.

Lorsque l’équipement n’est plus utilisable, il doit être collecté par un prestataire agréé (ne pas faire de dépôts sauvages). Il sera alors dépollué (récupération des fluides, piles, batteries, etc…) puis valorisé (recyclage, récupération de pièces détachées ou valorisation énergétique).

Pour trouver toutes les solutions, rendez-vous sur quefairedemesdechets.ademe.fr : un assistant au tri vous indiquera où réparer, donner ou revendre vos objets en bas de chez vous.

Qui gère les équipements en fin de vie ?

42,8% de la collecte est assurée par les collectivités, dans les déchetteries notamment

41,4% par des gestionnaires de déchets, les entreprises, les éco-organismes

13,2% par les distributeurs

2,5% par d’autres acteurs de l’ESS

Ce qui n’est pas collecté :

  • La filière illégale : entreprises frauduleuses pas en lien avec les éco-organismes
  • Les erreurs de tri vers les ordures ménagères ou les emballages
  • Les incivilités (dépôts sauvages)
  • Le stockage par les Français inquiets de ce que pourraient devenir leurs données (numérique)

En savoir plus

Etat de la « BIODIVERSITÉ » dans le monde et en Europe

Sur l’ensemble du continent européen, plus de 80 % des habitats naturels sont dans un mauvais état de conservation. Avec sa stratégie de protection de la biodiversité, la Commission européenne veut restaurer les écosystèmes et protéger 30 % de la superficie marine et terrestre de l’UE à horizon 2030.

Selon l’Agence européenne de l’environnement, les habitats pour les pollinisateurs ont tendance à être moins bien conservés que les autres en Europe – Crédits : Ntrirata / SlavkoSereda / Volha Halkouskaya (iStock) et Xavier Lejeune (Commission européenne)

L’Europe continue de perdre sa biodiversité. Sur le Vieux Continent comme ailleurs, de nombreux écosystèmes sont menacés par l’agriculture intensive, l’étalement urbain, la pollution et des espèces envahissantes. Les émissions sans précédent de gaz à effet de serre dans le monde provoquent aussi le réchauffement du climat, et par là même une diminution de la biodiversité, par exemple à cause des sécheresses et d’un déficit de pluies.

Selon un rapport publié par le WWF en octobre 2024, les populations des animaux sauvages ont décliné de 73 % en moyenne entre 1970 et 2020. L’association suit depuis 1998 l’indice planète vivante (IPV) qui mesure l’abondance de 35 000 populations de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens dans le monde.

Et c’est sans compter la plupart des espèces pollinisatrices, parmi lesquelles on retrouve les abeilles, bourdons ou papillons. En Europe, 9 % des espèces d’abeilles et de papillons sont menacées. Et ce alors que « la production, le rendement et la qualité de trois quarts des principales sortes de culture vivrières mondiales […] bénéficient de la pollinisation animale« , estimait en 2016 un rapport de l’IPBES, un consortium international de chercheurs.

Ce même groupe a publié en mai 2019 un autre rapport, qui étaye une nouvelle fois le déclin de la biodiversité. En se fondant sur environ 15 000 références scientifiques, il en présente des “preuves accablantes” et un “panorama inquiétant”, selon les termes de Robert Watson, son président. Environ un million d’espèces sont menacées d’extinction dans les prochaines décennies – y compris en Europe – “provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier”, indique le document.

Cet effondrement de la biodiversité est notamment lié à une restriction des zones dans lesquelles vivent ces espèces du fait de la dégradation des terres (75 % de la surface terrestre ont été sévèrement affectés par les activités humaines et plus de 85 % des zones humides ont disparu), de la déforestation ou de l’expansion urbaine.

L’intensification de l’agriculture et de la pêche a aussi pesé sur la qualité des habitats et le fonctionnement des écosystèmes. 81 % des habitats protégés sont aujourd’hui dans un état de conservation « médiocre ou mauvais », selon le dernier rapport de l’Agence européenne de l’environnement en date du 29 septembre 2025. Celui-ci ajoute que 60 à 70 % des sols sont dégradés et que 62 % des masses d’eau ne sont pas dans un bon état écologique.

Enfin, les espèces exotiques envahissantes peuvent provoquer un déclin des espèces indigènes. Importée des États-Unis, l’écrevisse de Louisiane a par exemple colonisé une large partie du sud-ouest de la France, menaçant ses cousines déjà installées en Europe.

L’Union européenne dispose d’une politique en matière de biodiversité. Régulièrement renouvelée, sa dernière version de 2020 a porté un objectif ambitieux à horizon 2030 : protéger 30 % de la superficie marine et terrestre de l’UE. Elle est intégrée au Pacte vert, chantier prioritaire du premier mandat de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (2019-2024).

Cette stratégie repose sur un premier pilier : la protection des milieux naturels. D’ici à 2030, 30 % des terres et des mers européennes devront en bénéficier, en accordant une attention particulière aux forêts. L’UE s’appuie ici sur son réseau Natura 2000 (voir plus bas).

Le deuxième pilier consiste à restaurer la biodiversité. Il s’agit de privilégier l’agriculture biologique et la biodiversité dans les paysages agricoles, d’enrayer le déclin des pollinisateurs, de rétablir le courant libre sur 25 000 kilomètres de cours d’eau, de planter 3 milliards d’arbres ou encore de réduire l’usage des pesticides et leur degré de nocivité. Entré en vigueur en août 2024, un règlement sur la restauration de la nature a inscrit différents objectifs dans le marbre de la législation européenne. Le texte impose aux États de rétablir au moins 20 % des écosystèmes dégradés d’ici à 2030, en vue d’une restauration de 90 % de ces habitats en 2050. Avec cette « loi européenne sur la restauration de la nature », les États devront établir des plans nationaux en la matière d’ici mi-2026.

Pour lire la suite de l’article sur la stratégie de l’Union Européenne en matière de biodiversité, cliquez ICI

Evolution des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne

L’Union européenne a pour objectif de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050. Quels sont aujourd’hui les Etats membres qui émettent le plus de gaz à effet de serre ? Et quels sont les secteurs qui en rejettent le plus ? Tour d’horizon.

Selon des projections de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), l’Union Européenne a émis environ 3 milliards de tonnes de gaz é effet de serre (GES en équivalent CO2) en 2023. Les 27 Etats membres ont ainsi réduit de 37% leurs émissions nettes de GES par rapport à 1990.

De 1990 à 2020, l’UE avait réduit de 32 % ses émissions de GES, bien au-delà de son objectif de -20 %. Si la baisse observée jusqu’en 2019 était principalement stimulée par des mesures politiques (remplacement du charbon par des sources d’énergie renouvelables ou amélioration de l’efficacité énergétique par exemple), celle de 2020, bien plus importante (-10 % par rapport à 2019), est due en grande partie à la pandémie de Covid-19. Les émissions de GES avaient ensuite connu un rebond de 6% en 2021 par rapport à 2020, compte tenu de la reprise économique favorisée par la levée des restrictions sanitaires.

En revanche, l’AEE anticipe un retard de l’UE pour 2030 : au rythme actuel, la réduction des émissions atteindrait 43 % à cette date par rapport à celles de 1990. Un chiffre bien en-deçà de l’objectif contraignant de 55 % fixé par l’Union européenne. L’agence précise toutefois que ces estimations sont réalisées avec les mesures politiques déjà appliquées, et ne prennent donc pas en compte d’éventuels futurs instruments.

L’Union européenne vise également la « neutralité carbone » à l’horizon 2050 : les Vingt-Sept doivent ainsi réduire suffisamment leurs émissions pour qu’elles puissent être absorbées par les puits de carbone (océans, forêts et puits « technologiques »). Les « émissions nettes » prennent en compte la capture du carbone dans ces puits.

En juillet 2025, la Commission européenne a également proposé un objectif intermédiaire : réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre du continent, par rapport aux niveaux de 1990, d’ici 2040. Cette proposition doit désormais faire l’objet de négociations entre les eurodéputés et les États membres.

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Réparer plutôt que jeter : où en sont les Français ?

La réparation séduit de plus en plus de Français, qui y voient un moyen concret de lutter contre la surconsommation et de préserver l’environnement. Si cette dynamique est prometteuse, elle se heurte encore à plusieurs obstacles. Pour transformer l’essai, l’offre de réparation doit être plus visible, plus simple et plus accessible: c’est l’un des enseignements de l’étude « Perceptions et pratiques des Français en matière de réparation en 2024 »  publiée récemment par l’ADEME.

Réparation : un engagement marqué, des freins à surmonter

  • 30 % de la valeur du produit : c’est le prix moyen jugé acceptable par les Français pour réparer un équipement endommagé.
  • 69 % des Français ont effectué une réparation ces deux dernières années, seul ou accompagné par un professionnel.
  • 83 % ont une bonne image de la réparation, notamment pour lutter contre la surconsommation et préserver l’environnement.

De nombreux freins à la réparation

  • 52 % des Français estiment que la réparation peut mener à des problèmes de qualité.
  • Pour 77 % la réparation est rendue difficile par les fabricants (pièces détachées rares et/ou chères, manuels de réparation difficiles à trouver…). Par rapport à 2019, ce chiffre a baissé de 10%, preuve que les fabricants prennent en main le sujet.
  • 43 % estiment que l’offre de réparation est trop peu connue du grand public.
  • Pour 80 % le prix de la réparation apparaît en tête des critères de sélection.

Réparer ou jeter ? 

  • Pour les français en 2024, 41 % des produits abîmés ou en panne ont été remplacés (principalement du petit et gros électroménager froid). C’est 13 % de moins qu’en 2019.
  • 36 % ont été réparés. Principalement des vélos, des appareils de jardinages et des ordinateurs.
    • 15 % grâce à un professionnel
    • 21 % soi-même
  • 23 % n’ont ni été remplacés, ni réparés
  • 96 % des réparations sont jugées satisfaisantes

Des leviers pour accélérer la réparation

  • Garantir la réparation sur 2 ans
  • Faciliter l’accès aux pièces détachées
  • Améliorer la visibilité de l’offre de réparation
  • Limiter le coût de la réparation